Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dames ! C’est, ami lecteur, Martin Zadika, chef des philosophes chaldéens, un devin, un interprète des songes.


Cet ouvrage profond fut apporté un jour chez les Larine par un marchand nomade qui le céda à Tatiana avec une Malvina dépareillée. Pour tout cela il reçut trois roubles et demi et des fables, une grammaire, deux Pétriades et le troisième volume de Marmontel. Depuis lors, Zadika, devenu le favori et le consolateur de toutes les tristesses, dormait constamment sous l’oreiller.


Tatiana est inquiète de son rêve, elle ne sait comment l’interpréter. Elle cherche dans la table alphabétique les mots forêt, tempête, corbeau, sapin, hérisson, ténèbres, pont, ours, tourbillon, etc. Mais Martin Zadika ne résout pas ses doutes, et pendant bien des jours elle ne peut sans angoisse penser à ce rêve.


Enfin se lève joyeuse l’aurore de son jour de fête. Dès le matin, la maison est remplie de monde ; les voisins arrivent avec leur famille, en vosok, en kibitka, en calèche et en traîneau. Dans l’anti-