Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais il y aura une grande foule… j’y trouverai toute espèce de gens ?

— Oh ! personne, j’en suis sûr !

— Quels sont donc les conviés ?

— La famille. Allons-y ensemble ! Voyons, fais-moi ce plaisir !

— Eh bien… j’irai !

— Comme tu es aimable ! »

Et Lensky vida son verre à la santé de sa voisine, et se remit à parler d’Olga : tel est l’amour !


Il était gai ce soir-là. L’attente de son bonheur n’était plus que de deux semaines : le mystère du lit nuptial, la récompense d’un mutuel amour, il allait les goûter. Tandis que nous, les ennemis du mariage, nous ne voyons dans la vie de famille qu’une série de tableaux insipides, un roman dans le goût de La Fontaine ; mon pauvre Lensky, lui, ne voyait jamais l’image de son bonheur obscurcie par l’idée des embarras de l’hymen, ni des froids bâillements. — Mon ami avait un cœur qui le prédestinait à cette vie.


On l’aima… du moins il le crut et fut heureux ! Mille fois heureux celui qui, s’abandonnant à