Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trace avec son petit doigt, sur le nuage qu’elle a formé, les chères initiales O et E.


Pendant ce temps, son âme languit et son mélancolique regard est rempli de larmes. Soudain un bruit frappe son oreille, son sang se fige dans ses veines ; le bruit approche : elle entend le galop d’un cheval, et Eugène saute dans la cour. Elle pousse un cri, et, plus légère qu’une ombre, elle se précipite vers la porte opposée, traverse la cour et se jette dans le jardin, sans oser regarder derrière elle. En un clin d’œil, elle a parcouru le Parc, passé le petit pont, la plaine, l’allée qui conduit à l’étang et le petit bois ; elle brise tout sur son passage, les branches des lilas, les fleurs des plates-bandes… enfin, arrivée près de la rivière, elle tombe, hors d’haleine, sur un banc.


« Il est ici ! Eugène est ici ! Dieu ! qu’a-t-il pensé de moi ! » Mais dans son cœur agité par une crainte douloureuse, il y a encore de l’espoir.

Elle tremble, un feu brûlant la dévore,… elle attend : « Ne vient-il pas ? » — Mais aucun bruit a arrive jusqu’à elle… Dans le jardin, les servantes cueillaient des fraises et d’autres petites baies