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fient, les autres à qui on en fera le récit, et qui ne laissent pas d’imprimer un certain froid, ou souvenir cuisant, chez celui qui en fut le héros, ou encore, la victime. Celle-là, que nous a racontée Roméo Vachon, lui a laissé plutôt un « froid » — on le comprendra — et un impressionnant souvenir.

C’était lors d’une course aérienne de reconnaissance au-dessus des forêts de l’« Ontario Paper Co. », immense domaine de la Côte Nord, que notre aviateur avait à survoler en 1922-23. Il avait été engagé à cette fin par la « Laurentide Airways » mais le travail était payé par l’« Ontario Paper Co. » et la « Chicago Tribune ». On sait que c’est à l’orée de la riche vallée de la Manicouagan exploitée par l’« Ontario Paper Co. » que s’édifiait vers le même temps la prospère et très jeune ville industrielle de Baie Comeau où sont les usines de l’« O. P. Co. »

Rappelons en passant que Roméo Vachon connaissait cette région de la Manicouagan. Un été, avec l’arpenteur Henri Bélanger, de Québec, à l’aide d’un petit avion, Roméo Vachon avait transporté, par équipes successives, en haut de la rivière, soixante-quinze hommes, sans le moindre accident.

Le 4 août 1923, dans la Baie de Tadoussac, à un mille à peu près du village, Roméo Vachon, accompagné de son collègue de langue anglaise, Willshire, décollait son hydravion, quand ce dernier frappa une grume flottante dans la baie et que le pilote n’avait pas vue. Sous le choc, le réservoir de l’hydravion fut projeté en l’air et les deux hommes précipités dans l’eau de la baie qui, on le sait, en cet endroit, à cause de la rencontre brusque des eaux du Saguenay et de celles du fleuve, est la plus froide de toute la Côte, même au mois d’août. Les marsouins, à cette période de l’année, très nombreux dans la baie de Tadoussac, entouraient nos deux naufragés qui, connaissant peu les mœurs de ces paisibles pinnipèdes, n’étaient pas