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la machine et, comme je me réjouissais de n’avoir eu aucun accident durant le voyage, il me dit : « Voilà dix-sept ans que je sers dans l’aviation et je n’ai jamais eu le moindre accident… » Je ne revis jamais le pauvre Fecteau.

Ah ! ce ne furent pas toujours des randonnées de plaisance, des « joy rides », pourrions-nous dire ! Les voici tous deux, Roméo Vachon et lui, un jour d’hiver, partant de La Malbaie, en route pour les Sept Îles, sur un appareil de la Cie Aérienne Transcontinental, affecté au transport du courrier. La brume est à couper au couteau ; une vraie soupe aux pois, aussi faut-il au pilote s’élever à une très haute altitude. On enregistre en certains endroits de la Côte 20° au-dessus de zéro. Les sacs de malle sont jetés, au-dessus de plusieurs postes, au moyen de parachute. L’altitude où ils s’élèvent est parfois de 9,000 pieds. À Franklin, l’aviateur doit quitter l’intérieur des terres et prendre la direction du fleuve. À Sept Îles, il réussit à atterrir — si l’on peut dire — sur une banquise au milieu de la baie. Parti ce jour-là de La Malbaie, à 8.40 hres du matin, l’avion, malgré toutes ces difficultés, était de retour à sa base à 3.30 hres de l’après-midi. Il avait parcouru, dans ces conditions difficiles, 550 milles. Et il fallait recommencer le lendemain et les jours suivants, tout l’hiver, du 15 décembre au 15 avril.


De pénibles périples aériens


À la vérité, il n’y a pas eu, dans la carrière d’aviateur de Roméo Vachon, de ces exploits spectaculaires qui captivent l’attention du monde, mais il est certain que les cinquante à soixante périples, apparemment sans histoire, au-dessus du littoral, n’ont pas tous dégagé le charme de l’aimable promenade dont notre as canadien-français — en passant notre cousin — nous fournissait l’occasion de faire, cette belle après-midi de juillet 1938, de Bagotville, Baie des Hahas, à Betsiamites, Côte Nord.