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Peter McLeod

d’une ville mais à présent les bois sont revenus autour de la maison et l’endroit qui contient ces batimens est une prairi de francs foins d’environ deux arpent en quarré au lieu qu’autrefois les sauvages disent qu’il y avait un quart de lieu en quarré de déserté et que l’on y semait du bled.

« C’est grand domage que cet endroit soit abandonné car on ne peut rien voir de plus beau. La terre y est basse et unye et bien boisée de trembles, boulots, pins, hormeaux et autres bois cependant qu’il y a du bois franc. Mais les sauvages habitans de ce lac Saint-Jean sont en petit nombre, ils on bien de ta peine a y trouver de quoi vivre car tous les animaux ont été détruits il y a bien des années. Ils n’ont donc pour vivre que le poisson qui véritablement est bon et en quantité."

Cent ans après, tout était encore, naturellement, et davantage, à l’abandon. Du premier poste des Français, au temps du Père de Crespieul, à Saint-Louis de Métabetchouan, il ne restait que quelques pâles vestiges. Cependant, la Cie de la Baie d’Hudson avait établi là comme un relais, une sorte de succursale de son commerce de fourrures.

Mais c’était encore, comme au temps de Normandin, « le plus charmant de tous les endroits ». Une pointe de terre que forme l’embouchure de la rivière Métabetchouan s’enfonce en éperon dans le lac. Elle est richement boisée et dessine comme un triangle ; dans le haut est un plateau désert couvert de gazon. Au fond du plateau, gronde une cascade. Un cours d’eau d’un fort volume se déverse dans le lac d’une hauteur de trois cents pieds. Du plateau, on en peut voir toutes les beautés. Des pins qui poussent à sa base servent de point de comparaison pour estimer sa hauteur. Sur toute la pointe, ces pins, puis des hêtres, des bouleaux s’élèvent en des colonnes droites vers un