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Peter McLeod

qu’on remonte. Mais le silence continua de monter, lugubre, au plafond.

« Mary !… Mary !… cria encore Jean Gauthier ; mais où es-tu donc, sacré bonguinne ?…

Silence. La porte de nouveau s’ouvrit et des silhouettes d’hommes apparurent dans le cadre gris aussitôt masqué. On entrait, bruyants, joyeux de sentir déjà la chaleur de l’intérieur.

Où est Mary ? demanda, haletant, Jean Gauthier.

— Mary, répondit l’un des arrivants, mais elle est ici puisqu’elle est restée pour préparer le réveillon… Elle est peut-être chez vous, Jean…

Jean Gauthier ôta son casque, s’essuya de la main le front où perlaient de grosses gouttes de sueur, et dit :

« C’est p’tre vrai, ça. » Il sortit.

Il avait neigé durant une grande partie de la soirée. Après un temps de calme relatif durant lequel, au ciel livide et sournois de gros nuages s’éparpillaient par flocons, le vent se mit à bondir méchamment, soulevant partout sur le chemin, des nuages de poudre blanche. Soudain, il s’arrêta contre la façade de la maison de Jean Gauthier et se mit à tourbillonner devant l’unique fenêtre. Celle-ci était noire. Jean Gauthier poussa la porte. Il faisait froid dans la maison. Le poêle était froid. La maison était vide. Jean Gauthier ne prit pas même la peine d’appeler sa fille. Dès le seuil, il fut certain que Mary n’était pas là.

Il revint à la maison du moulin. Tous les gens de la messe de minuit étaient maintenant réunis pour le réveillon. Au bout du village, la chapelle, tout à l’heure illuminée, trouait le paysage tout blanc d’une