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Peter McLeod

asteur, mes vieux. Mary vous verrez qu’il y a pas seulement qu’Fred Dufour qu’a des idées…

— …et des poings, osa compléter l’un des hommes croyant n’avoir pas été entendu…

— Joe Tremblay, j’vas te passer celle-là, pour cette fois, mais que ce soit la dernière… Allons, ouste… au “bunk room” !… Bonsoir, Mary. Bonne nuit et rêvez pas trop à Fred… C’est dommage que ce pauvre Fred ne soit pas ici pour demain soir !…

Et bientôt ce fut le lourd silence de la nuit froide pesant sur la “concern” endormie…


Ce fut comme un bruit de branches cassées par l’ouragan avec accompagnement de sonores coups de tonnerre, et Toine Boudreau, ahuri, sursauta dans son “bed”, se frottant les yeux de ses deux poings, pendant que Peter McLeod le secouait violemment, l’arrachant d’un rêve à un moment où le canot d’une chasse-galerie qui le portait avec des compagnons dégringolait à travers l’immense ramure d’un pin que le canot du diable avait frappé dans sa course aérienne.

« Toine, lève-toi et viens !…

Quelque part dans la masse endormie de Toine, un échange insubstantiel donna désespérément l’alarme. Enfin, un doigt bougea, une paupière trembla, puis soudainement ce quelque chose se dégagea du cerveau du dormeur, jaillit, se répandit et, en un instant, s’identifia avec le corps tout entier.

— Hein, quoi ?… Le feu est au moulin ?…

— Non, grosse bête, mais il faut qu’il soit à nos jambes dans dix minutes…