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Peter McLeod

Mais, avant de partir, Fred Dufour, comme faisant un effort assez sensible, pour dire quelque chose d’intéressant en cet instant suprême d’une séparation momentanée, il est vrai, mais dont on ne pouvait prévoir ni la fin ni les résultats, dit à Mary :

« Tu sais, j’ai demandé à Peter McLeod d’avoir bien soin de toi durant mon absence…

— Ah ! je vois, Fred, que tu as bien confiance en moi…

— Beau dommage. Mary.

Et l’on s’était quitté sur ces mots.

Et c’est à tout cela, à ces événements importants de la vie de son cœur que pensait Fred Dufour, marchant à larges foulées de ses raquettes vers la Baie des Ha ! Ha ! d’où il avait l’intention de se diriger ensuite, du côté du Saguenay, en prenant derrière les rives abruptes qui sont inaccessibles, pour gagner l’Anse-au-Cheval. Il marchait plus doucement parfois à cause de son chien qui n’avançait pas aussi vite que lui dans les bancs de neige molle mais qui n’en manifestait pas moins de cœur et de joie à suivre son maître. Pitro ne se gênait pas même, parfois, de faire un long détour, histoire de flairer de plus près une perdrix ou un lièvre qu’il avait vu voler ou sauter entre deux arbres : mais docilement, il revenait à l’appel de son maître qui, pour le moment, n’avait que faire de ces bestioles.

Dans l’après-midi, le temps étant devenu plus doux, la neige se mit à tomber à gros flocons, épais, mouilleux et pressés. La marche du voyageur devint plus difficile. Bientôt, parvenu, à quelques milles en amont des Caps Trinité et Éternité, Fred Dufour se