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Peter McLeod

du jour où partit Fred Dufour pour l’Anse-au-Cheval, fut d’aller tout bonnement embrasser la belle Mary chez elle. Après quoi, pour marquer le départ de son antagoniste, il organisa à la maison de Jean Gauthier une veillée à laquelle il invita tous les « boulés » et les « beaux » de la “concern”. Il fit même venir pour la circonstance, d’un « campe » situé à cinq milles de Chicoutimi, un violoneux qui jouissait d’une fameuse réputation dans toute la région. Le « bal » fut on ne peut mieux réussi. On dansa jusqu’au matin et l’on vida des cruches et des cruches de whisky.

Peter McLeod « callait » lui-même les danses avec la même autorité qu’il mettait à mener ses équipes de journaliers, aux scieries et aux chantiers de coupe de bois. Cinq fois, il dansa avec Mary Gauthier et cinq fois il l’embrassa à pleine bouche, là, goulûment…

Les autres ricanaient. Si le pauvre Fred Dufour voyait ça !… Jean Gauthier, le père, se sentait presque scandalisé, même indigné ; mais allez donc, lui, simple contremaître, tenter des remontrances au patron si redouté ! Fallait avaler la pilule, quoi !… Mais Peter McLeod n’était pas homme à l’avaler, lui. Voilà que sur le matin, un mirliflore, préposé aux fournaises à la scierie, profitant d’un moment où, dans un coin de la salle, Peter McLeod ingurgitait force rasades de whisky, s’approcha de Mary Gauthier et, après l’avoir embrassée, lui proposa une petite promenade au clair de la lune. Les jouvenceaux allaient sortir quand Peter McLeod s’approcha en titubant :