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Peter McLeod

causer une certaine sensation parmi la population du bourg. Il se disait envoyé de Québec pour soigner Peter McLeod à qui il se présenta aussitôt. Peter McLeod pensa d’abord foutre l’homme à la porte d’un bon coup de pied au derrière. Mais il se ravisa en lisant un billet que lui remit le nouveau venu et dans lequel on écrivait : « Je t’envoie notre bon “Indian Doctor” : suis ses prescriptions. C’est un médecin qui fait revenir les morts. »

C’était le Dr Linguenne ou « Indienne ».

Ce légendaire charlatan jouissait alors dans le district de Québec d’une assez problématique réputation qu’il avait acquise par le mystère dont il s’entourait. D’un côté, on prétendait qu’il avait accompli des guérisons miraculeuses, ailleurs on le qualifiait de criminel. Vivant toujours seul, ici et là, sa demeure devenait vite un sujet de terreur, et on racontait de lui, mais sous le manteau de la cheminée et sans jamais apporter de preuves, des choses qui, prouvées, eussent pu le faire balancer, sans procès, au bout d’une corde dans n’importe quel pays. On ne le voyait jamais autrement qu’enveloppé dans une vaste houppelande d’indienne à fleurs sombres. De là, son nom de Linguenne, les habitants des campagnes canadiennes, prononçant le mot indienne « Inguenne »…

Rien de moins avenant que la figure du docteur Linguenne tel qu’elle apparut dans le bourg de Chicoutimi en 1852. Un visage rasé, lisse, au teint d’Oriental, à la fois sanguin et bilieux : des yeux ardoise qui, dès qu’ils se posaient, prenaient une fixité dure : un nez en arc qui lui faisait un profil d’oiseau de