Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
Peter McLeod

ment l’évêque de Québec. Et Peter McLeod n’en dit pas davantage.

Un pâle sourire souligna ce souvenir dans la figure du boss qui ensuite soupira à faire voguer toutes les goélettes du monde.

Cependant un repos qu’on lui conseilla et qu’il consentit à prendre, aussi bien qu’un régime alimentaire auquel il s’astreignit pendant quelques jours, semblèrent lui donner soudain un regain de vie. Un mieux sensible se manifesta dans son état général. Une vieille sauvagesse qui vint, un jour, lui offrir un remède contre les maux d’intestins, compléta presque la guérison du boss. L’espoir de la bonne vie lui revint… Mais dans le masque, le mal avait creusé des sillons d’ombre, enfoncé profondément des yeux intenses, durs, empreints de cette indéfinissable lassitude des libérés et, en même temps, de l’inquiétude étrange des êtres qui s’accordent en eux et écoutent la mesure qu’ils se battent désespérément. N’existait plus en lui ce rythme intime d’un équilibre inhumain dans le désordre. Il ne dormait plus que d’un sommeil pesant, et il trouvait presque agréable d’être une masse lourde jetée sur un lit, de ne penser à rien et de suer comme une bête… Il demeurait inactif, perdu dans un songe obscur.

Peter McLeod ne devait pas, comme cela, mourir d’un coup. Il y avait trop de morceaux d’hommes dans cet homme…

À Québec, ses puissants associés apprirent sa maladie et ils s’en émurent. Un jour, on vit descendre à Chicoutimi, d’une goélette venant de Québec, un personnage assez étrange dont l’apparition ne fut pas sans