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Peter McLeod

Certaines scènes s’immobilisaient un court moment avant de céder la place à d’autres…

Il avait comme une pénétration inconsciente des êtres, si chère, dépouillée, à certaines heures, où l’on ne se défend plus, comme des moments fraternels, à la fois grossiers et purs, où l’homme a la simplicité de l’arbre…

Un soir, ses regards s’arrêtèrent sur la petite chapelle qui s’élevait en contrebas de la colline au sommet de laquelle se trouvait la maison du moulin. Un souvenir traversa son cerveau et il souria avec amertume… Le Père Honorât, une année, avait voulu réparer la vieille chapelle des Jésuites qui tombait en ruines et il convoqua à cette fin, un dimanche, après la mission, tous les notables du bourg. On décida de faire les réparations nécessaires… Mais voici que survint Peter McLeod qui s’assied sans façon à califourchon sur une chaise en face du Père Honorât. Il était accompagné d’un de ses plus féroces « boulés » Jean Deschênes. Le Père apprit à Peter McLeod qu’on avait décidé de faire les réparations à la chapelle :

« Non !… » hurla brutalement le boss. « Rien ne se fera !… »

— Mais !…

— Je vous dis que rien ne se fera. On me doit de l’argent, tous, ici, et on me doit tout son temps… Pas d’argent ni de temps pour la chapelle. Non et non !… On m’entend ?…

Et Peter McLeod sortit en égrenant un nouveau chapelet de jurons.

Il se rappelait que le Père Honorât avait passé ou-