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Peter McLeod

qui, tirant le bas du masque, tendait des joues arides, blafardes et sèches, qui s’avalaient sous les pommettes, écartelaient les paupières qui ressemblaient à d’affreuses déchirures…

Cette fois, ce fut pire que toutes les autres fois.

Mais, contre toutes les prévisions de ceux qui assistèrent à cette hideuse agonie d’une âme, Peter McLeod, au bout d’une quinzaine, revint à son état à peu près normal d’homme. La machine toutefois en ressentit un choc tout de suite inquiétant. Ce n’était plus, cette fois, un simple et passager mal de cheveux.

Il revint à Chicoutimi comme un aigle aux ailes meurtries regagne instinctivement son aire. On eut peine à le reconnaître.

Et puis survinrent des tracas de toute nature. La société Price-McLeod, formée depuis plusieurs années, ne marchait pas comme sur des roulettes depuis quelque temps. Dans ses moments lucides, Peter McLeod sentait qu’il se faisait jouer par cet Anglais finaud, rompu aux conditions les plus subtiles du marché du bois aussi bien en Amérique qu’en Europe. Il en connaissait tout le mécanisme avec ses bénéfices, ses divers truquages, ses ruses même, ses crédits de commande ou ses compressions qui font vivre ou crever une entreprise… Lui, homme des bois, n’était guère expert dans ces roueries du commerce international. Il craignait parfois que les Price fissent de lui ce qu’ils avaient fait de son père quand, ayant quitté le service de la Compagnie de la Baie d’Hudson, il était allé établir un commerce de bois aux Terres Rompues. À cet effet, le paternel avait acquis la plus grande partie des