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Peter McLeod

Instinctivement, se sentant pris, ils allaient fuir en débandade quand Peter McLeod, sacrant à faire crouler le plafond de la nuit, cria aux sauvages : « Cernez-les !… » Les malheureux s’immobilisèrent, terrorisés devant ces hommes noirs qu’ils prirent pour des démons sortis de l’enfer.

On prit le chemin du bourg où les déserteurs furent solidement enfermés dans le hangar aux voitures du moulin.

« Dormez mes petits enfants, » leur murmura ironiquement Peter McLeod, « on se reverra demain matin, après le petit déjeuner… »

Comment se termina l’aventure ?

Tard dans la soirée, Fred Dufour, sur les conseils de la tendre et sensible Mary, s’en alla au hangar voir les protégés du boss de qui il voulut savoir les raisons qui les avaient forcé à déserter la « Pinouche ».

« Monsieur », leur confessa l’un des malheureux qui devait être sur la goélette l’assistant du capitaine, « vous pourriez difficilement croire à la façon dont on a été traité durant toute la traversée… Le capitaine, c’est un bon marin, mais une fameuse vache… Des animaux, nous aut’s… À coups de poing, à coups de pied et à coups de fouet constamment… Et on nous laissait crever de faim. Par dessus le marché, quand on s’est engagé à Liverpool, c’était à la condition qu’on nous laisserait à Québec… On a demandé au capitaine de nous y rendre, mais pour toute réponse il a redoublé ses coups. Il a continué ici. Alors, on a résolu de nous rendre nous-mêmes à Québec… »