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Peter McLeod

Le capitaine fulminait. Il se comprima la poitrine de peur quelle n’éclatât en même temps que sa tête déjà passablement affectée par la petite fête de la nuit…

« Désertés !… Ils ont déserté, les enfants de maudits !… »

Que faire ?… Il est sûr que ces salauds ne se sont pas évaporés dans l’air comme des bulles de savon. Ils sont à terre, et il faudra bien les chercher, les retrouver. En attendant, il faut faire rapport à Peter McLeod… Diable !… c’est ça, le « hic »… Pas commode, le boss, dans ces occasions-là ! C’est sûr, il va être reçu comme une puce de plus dans la fourrière… n’importe, advienne que pourra !…

Le capitaine Watson savait que Peter McLeod faisait généralement preuve d’une vigilance sévère sur tout son personnel à terre, aux moulins, sur les côtes, sur mer, qu’il était implacable aux indisciplinés définitifs et aux imbéciles sans appel : mais que souvent il l’avait vu prêt à la pitié, au pardon, favorable à la résipiscence.

« Peut-être que le boss !… Enfin, allons-y !… »

Le boss n’était pas en ce moment d’une humeur très folâtre. Lui aussi conservait, semblait-il, dans le cerveau d’assez sensibles reliquats de la nuit précédente… Le terrible mal de cheveux !… Toutefois, à l’heureuse surprise du capitaine Watson, quand celui-ci, ayant pris son courage à deux mains, lui annonça, comme cela, tout de go, la désertion des matelots de la « Pinouche », Peter McLeod n’éructa tout au plus que trois ou quatre énergiques jurons pris tout au bord de son volumineux répertoire, secoua le couvercle de son