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Peter McLeod

de bois blanc, les moineaux, toujours goinfres, les ailes mi-ouvertes, un œil à la ronde, mangeaient tout ce qui leur tombait sous le bec. De temps en temps un escadron de bergeronnettes s’abattait, un instant, sur un défriché, prestes et légères comme des papillons, ou bien des escouades d’ortolans, venant d’on ne sait où, passaient au-dessus du hameau, traversaient en flèche le Saguenay, s’abattaient de l’autre côté, dans la montagne verte où ces oiseaux se cachaient…

C’était le temps des amours…

Le mariage fut célébré dans la vieille chapelle des Jésuites par le Père Honorât qu’on était allé chercher en goélette à la Baie des Ha ! Ha ! C’était un Oblat de Marie-Immaculée qui portait allègrement ses ans et son ample soutane ceinturée d’une bande de calicot avec, autour du cou, un rabat bordé d’une nervure blanche. Tous les yeux étaient fixés sur le gros crucifix de bois noir avec Christ en cuivre jaune, brillant, usé par le frottement des mailles rudes du tissus de la ceinture qui le soutenait dans ses plis… Le Père Honorât desservait alors, avec deux autres oblats, toute la région saguenayenne. Il était vénéré de toute la population des postes de ce territoire…

La cérémonie fut simple. On avait orné l’intérieur de la chapelle de rameaux de sapin, de branchilles de pin et de tout ce qu’on avait pu trouver, aux alentours, de fleurs de savane, déjà mauves. Mary Gauthier fit bonne figure dans sa robe de satin noir qui la guindait assez naïvement…

Durant la journée, en guise de voyage de noces, on