Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
Peter McLeod

le commis, celui qui, tel un chat d’une souris, s’était joué de lui à l’Anse-au-Cheval. Mais Tommy Smith se leva de toute sa haute taille, ce qui calma subitement quelque peu Fred Dufour. Le commis tranquillement s’approcha du comptoir, tira d’en dessous une bouteille et deux verres et demanda, ironique :

« Monsieur a sans doute très froid… Monsieur prendra bien un bon whisky ?…

— Oui, mais blasphème ?… avant, il faudrait m’expliquer…

— C’est naturel !… un coup d’abord, et un bon, ça fait passer bien des choses, des fois…

Les deux hommes trinquèrent, mais sans trop d’aménité du côté de Fred Dufour.

« Alors ?… interrogea ce dernier.

— Vois-tu, Fred Dufour, le diable n’a pas les cornes aussi longues qu’on le dit et Tommy Smith n’est pas aussi noir qu’on a voulu le croire à Chicoutimi, chez les hommes de Peter McLeod… D’abord, Fred Dufour, calme tes craintes et tes inquiétudes. Ta fiancée est à l’heure qu’il est, comme elle a toujours été, en parfaite sécurité… Elle est chez moi, au Rocher Percé, à une couple de milles d’ici… comme qui dirait à ma maison de campagne… Elle est avec ma femme et ma fille Betsie… et toutes les trois s’amusent comme des petites baleines… d’ailleurs, nous irons les rejoindre ce soir même…

La figure de Fred Dufour reflétait à la fois la joie et la stupeur.

« Et maintenant je dois te dire, Fred Dufour, continua Tommy Smith, que si je suis allé récemment à