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Peter McLeod

mait. On savait qu’il était constamment sur pied et pour cause de son activité, les sauvages l’appelaient : « Milaupanuish »… ce qui veut dire : l’aurore du matin. Aussi bien, en toute occasion, Peter McLeod, grâce à un peu de diplomatie rendue assez facile par les circonstances des lieux où il dominait, se prêtait-il volontiers, au rôle qu’on lui imposait de conciliateur, voire de dictateur dans tout le Haut-Saguenay. Il savait profiter de tout pour occasionner ce choc psychologique que tant de gens s’efforcent sans succès de provoquer sur les simples, pour exercer cette sorte de fascination, de magnétisme. Et sa dictature réussissait à merveille.

Cette fois, que lui voulait-on ?

Les « délégués » lui apprirent, ce qu’il avait déjà soupçonné à Métabetchouan, que la tribu entière des Montagnais et des Outabitibecs était menacée de la famine, que la chasse était mauvaise, même nulle, sur d’immenses territoires. Mais la calamité menaçait non pas tant par la rareté du gibier qu’à cause des pièges tendus par les chasseurs blancs, même sur les terrains de chasse que les sauvages détenaient depuis toujours et qui leur appartenaient de par les lois de justice que leur avaient appris à respecter les « robes noires » qui, voilà bien des années, avaient évangélisé leurs ancêtres. Voilà !…

La chasse était nulle pour les sauvages dans le nord. On était donc descendu au poste avant le printemps, à une époque de l’hiver où tous les chasseurs de la tribu auraient dû être à l’affût dans les fourrés de la Mistas-