Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
Peter McLeod

pouvante ambiante que ne réussissent pas à chasser les hordes de chiens-loups plus féroces que les bêtes qu’on va traquer au fond du nord… Misérables cabanes empuanties de la fauve senteur des déchéances humaines, où la pierre ollaire de la lampe à graisse d’ours troue la nuit de lueurs sinistres !…

À combien de drames de misère, de tragédies sanglantes a dû complaisamment se prêter ce sauvage territoire… ce désert blanc… et sale où font frissonner, et le jour et la nuit, le cri effroyable du fauve, de l’affamé, homme ou bête ; le chant farouche de la vie sauvage et désolée ?…

Si les vieilles ruines des gros postes de « l’honorable Compagnie de la Baie d’Hudson » pouvaient parler, qui s’éparpillaient, ici et là, dans le bassin de la baie, sur les bords de l’Albany et de la Churchill, de la Saskatchewan et du grand lac Mistassini !…

Que de sombres récits ! que de fantastiques légendes !… Mais toutes cette formidable sauvagerie garde farouchement son secret et refuse de révéler ses ténébreux mystères. À peine, ici et là, quelques vagues traditions sont-elles parvenues à nos oreilles de civilisés…

Le Poste de l’Ashuapmouchouan était comme celui de la Métabetchouan un poste sans traditions, simple endroit d’échange de fourrures avec les sauvages. De vagues légendes voulaient bien nous faire croire que dans les temps anciens, bien avant la découverte du Péokwagamy par le Père De Quen, certains villages indiens peuplés de familles des tribus du Porc-Épis et des Attikamènes, vécurent là, comme ailleurs