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LE FRANÇAIS

à l’aîné de son ami André Duval, l’avenir de sa terre assuré par ce gendre qui avec sa part d’héritage tiendrait, sans doute, à agrandir le domaine devenu le sien. Il en vint même à entendre gambader sur le plancher de la salle des enfants qui seraient, plus tard, à leur tour, les héritiers de la couronne… et la terre se perpétuerait ainsi, de père en fils, pendant des générations, après lui… Mais il y eut bientôt des hauts et des bas dans la nouvelle orientation des projets d’avenir de Jean-Baptiste Morel. Durant ses heures sombres, les « talents de société » de Jacques Duval n’étaient pas sans l’effrayer un peu ; ils lui faisaient même pressentir que tout n’irait pas selon ses désirs. Il se demandait souvent si Jacques Duval aimait bien la terre ; — pour lui tout était là — et il ne trouvait pas toujours réponse satisfaisante. Jacques Duval était léger, insouciant pour les intérêts de la terre paternelle et il se plaignait des travaux qu’elle exigeait de lui ; il parlait souvent des villes, même en sa présence, quand le fils d’André Duval n’ignorait pas que ce sujet de conversation le mettait hors de lui. Que présageait tout cela ?… Jacques, peu soucieux pour la terre du père, ne l’aimant pas plus qu’il ne fallait, serait-il plus intéressé, plus enthousiaste une fois sur la sienne ? D’un autre côté, en observant bien, il n’a pas été sans remarquer chez sa fille plutôt de l’indifférence à l’égard de Jacques Duval. Et il ne lui était jamais venu à la pensée de marier sa fille contre son gré avec quelqu’un qu’elle n’aimerait pas. Marguerite aimait-elle Jacques ? se demandait-il parfois. Voilà