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LE FRANÇAIS

ciers, cotillons, toutes danses, à la vérité, peu langoureuses. Jacques Duval fut proclamé à l’unanimité « caller » et, pendant plus d’une heure, l’on n’entendit plus dans la grand’salle, parmi le piétinement des semelles sur le parquet de bois franc, que les commandements brefs de Jacques : « Swing your partner »… « Every body balance »… « Promenade !… » Et les couples, jacassant, soufflant et en sueurs, s’entrecroisaient, marquaient du pied la cadence, tournoyaient, se balançaient d’un pied sur l’autre, ou bien marchaient en se dandinant, face à face les uns des autres, ou à la file indienne, tournant autour de la salle, tous obéissant à la lettre aux commandements autorisés du « caller » qui, dansant lui-même et fier de son importance, prenait toujours avec sa compagne les devants pour chaque mouvement nouveau qu’il ordonnait…

De la cuisine, l’on entendit un cri : « Pot de consolation ! » … Puis, quelques instants après : « Huit douzaines de mieux ! » suivi au bout de quelques minutes, d’un roulement de pommes dans un seau de bois et des cris les plus disparates de joie et de colère à la fois. C’était la fin de la partie. Les joueurs se levèrent parmi un grand bruit de chaises remuées. La danse s’arrêta également de même que les sons nasillards du phonographe que l’on avait utilisé pour les danses, les jeunes Gagnon ayant fait venir de Montréal des disques spéciaux de danses carrées. Des femmes surgirent à la porte de la salle, emmitouflées dans leurs manteaux, la tête engoncée dans d’épais nuages