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LE FRANÇAIS

pitié. L’on connaît, parmi cette folle réunion, le penchant de Marguerite pour Léon Lambert et l’on n’ignore pas la cour que lui fait depuis quelque temps Jacques Duval. Aussi, il n’y a plus seulement, parmi ces jeunes gens, que le désir factice d’entendre la réponse plutôt superficielle de Marguerite, victime simulée du jeu ; mais il y a maintenant un sentiment de curiosité, nullement simulé, de savoir le dernier mot d’une intrigue qu’en réalité, l’on ne connaît qu’imparfaitement. Cette réponse que l’on réclame avec cette cruelle insistance de Marguerite et que l’on attend, sera une déclaration, croit-on, qui dissipera tout doute. Est-ce Léon Lambert ? Est-ce Jacques Duval ? On veut tout simplement savoir. À la vérité, l’on n’en voudra pas plus à Marguerite si elle se déclare en faveur du Français que si elle appelle le fils d’André Duval. L’on veut être fixé, une fois pour toutes, voilà. L’occasion est bonne et l’on n’en lâchera pas les cheveux. Les jeunes filles se montrent particulièrement cruelles et réclament à grands cris, avec des trépignements d’impatience, la réponse de Marguerite Morel ; d’autant plus qu’elles escomptent comme une sorte de vengeance envers Marguerite pour les attentions que lui prodiguent à la fois, la « coqueluche du village » et cet étranger, beau garçon, dont plus d’une, en secret, a rêvé la conquête. C’est le temps ou jamais de forcer Marguerite à se déclarer et à laisser l’un de ses deux concurrents, à la fin des fins, libre… « Ton cavalier ! ton cavalier ! » ne cessent-elles de crier. Plusieurs ne sont pas sans deviner le petit drame intime qui bouleverse le cœur de leur amie.