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LE FRANÇAIS

proprement sur un bout de planche de bois varlopé, l’on fera l’onctueux boudin ; on hachera menu quelques longettes des bas-côtés que l’on enveloppera, par jointées, dans un carreau de panne et l’on aura, le tout bien épicé, les délicieuses « plarines » ; et cette même viande hachée des bas-côtés, pressée dans des tripes fera la saucisse qui a la même saveur que les « plarines ». Le foie, les rognons, le cœur, bien rôtis, avec des oignons hachés menu, sont des mets recherchés par les gourmets de même que les bandes de chaire maigre enlevées au filet et que l’on réserve généralement au curé parce que c’est la fleur des pois du porc. Des quartiers postérieurs de l’animal, l’on fera des jambons qui seront « boucanés », pendant plus d’un mois pendus à un chevalet de bois dont on a auréolé la cheminée de briques, au sommet, et l’on fera d’une tête ordinaire de cochon jusqu’à huit bolées de tête en fromage gélatineuse et succulente ; des pattes l’on confectionnera des bouillis avec légumes, choux et carottes de préférence. À la fin des fins, comme du cochon rien ne se perd, les cordonniers de la paroisse réclameront les poils longs et raides du dos pour monter leur ligneul résineux et servir comme d’aiguilles à travers les trous de l’alène dans le cuir des bottes.

La boucherie et tout ce qui s’ensuit avait pris, chez Camille Gagnon, presque tout l’avant-midi. Au dîner, l’on avait fait ripaille des « fournitures » et, dans l’après-midi, les aides étaient partis. Camille Gagnon, ensuite, avait « débité » le corps de son porc en petits carreaux qu’il avait soigneusement empilés dans un baril