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LE FRANÇAIS

les caprices obstinés des lourds poêles de fonte qui transforment la maison en étuve quand se consument les bûches dont on les a bourrés jusqu’à la gueule et, l’instant après, dès que meurent les lueurs du brasier, forcent les gens à se serrer autour de sa refroidissante masse, ou à recourir aux draps des lits pour ne pas geler ; ou encore quand ils s’éteignent, au milieu de la nuit, transformant la maison en une glacière, faisant se couvrir le parquet de frimas et geler la pompe à eau dans laquelle, le matin, l’on ne cesse plus de verser des seaux d’eau bouillante pour y fondre la glace dure à faire fendre les tubes… Et puis, à la ville, source suprême des joies, il y a les théâtres où l’on peut aller, tous les soirs, rire comme des robinets ouverts ou pleurer ainsi que des fontaines et d’où l’on revient toujours content, joyeux, goûtant avec plus de plaisir encore les douceurs du logis, un moment abandonné, et qui semble plus clair et plus chaud. Il y a encore, les jours de congé, les promenades, ici et là, à travers la ville aux troublants imprévus, ou dans les banlieues aux aspects si variés ; il y a le fascinant Dominion Park avec ses amusements sans fin et où l’on peut passer des journées entières au milieu de surprises sans cesse renouvelées ; les promenades, le soir, au long des rues commerciales aux innombrables devantures ruisselantes et qui jettent des feux tels que le soleil en allume sur les flots du lac ; il y a aussi la visite des grands magasins à rayons remplis de tout ce que l’imagination la plus dévergondée peut rêver… Et que d’autres choses encore ! Cette vie-là, vrai, en toute conscience