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LE FRANÇAIS

Les travailleurs qui ne se sentent pas soutenus par la conviction d’un chef hésitent et s’arrêtent.

Maintenant tous comprenaient. Dans le groupe des femmes, ce fut un cri d’admiration. Le travail était à présent organisé et, derrière les hommes, entre eux et la ligne du village, s’étendait une large bande de cendres et de charbonnailles grises. Elle s’élargissait à vue d’œil, gagnant le milieu du champ ; le nouvel incendie allant à la rencontre de l’autre, maintenant hésitant, déconcerté, sur le point de manquer d’aliments. Bientôt les flammes des deux feux se confondirent sur une même ligne, au milieu du champ, ni l’un ni l’autre ne pouvant avancer davantage. Il y eut un brusque sursaut des flammes qui, bientôt, se couchèrent pour s’éteindre. Un cri de triomphe jaillit de toutes les poitrines. Comment n’avait-on pas pensé à cela plus vite ? Le village était sauvé. Personne ne sentait plus les fatigues et les craintes.

À ce moment, l’on entendit, la sirène de l’« Outaouais » retentir, dans la fumée, à quelques encablures du quai. Quand, au bout d’un quart d’heure, les passagers mis au courant des détails de l’affreuse journée, par ceux qui étaient allés à leur rencontre, arrivèrent à la bordure du village, ils aperçurent presque toute la population rassemblée sur un seul point. Le groupe formait comme une héroïque association faite de la communauté de courage, de dévouement, de craintes et de périls.

La brunante tomba bientôt sur le brasier encore ardent mais sans danger de la forêt détruite. Pendant