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LE FRANÇAIS


VII


Les passagers de l’« Outaouais », à peine sur le quai, apprirent que Ville-Marie venait d’échapper à la destruction.

Cependant ils ne furent fixés sur les détails de la catastrophe, heureusement manquée, qu’à mesure que se succédaient les récits de la journée, très variés, quelques-uns plutôt fantaisistes, faits par les parents et les amis venus chercher leurs gens au bateau. En résumé, l’on avait passé une rude journée à Ville-Marie. Le village avait été sauvé, s’accordait-on à dire, grâce, sans doute, au dévouement des hommes dont plusieurs même étaient venus des rangs les plus éloignés d’où l’on entendait gronder le monstre rouge au fond de la forêt ; mais grâce surtout, ajoutait-on, à l’initiative intelligente, aux singulières ressources d’invention et au courage de Léon Lambert.

Les voyageurs voulaient à peine en croire leurs oreilles. Pour eux comme pour les autres, le Français était regardé avec une sorte de dédain, ainsi que, d’ailleurs, l’on voit dans les campagnes canadiennes l’étranger : pauvre hère plutôt pris en pitié parce qu’il ne connaît pas dans leurs détails nos coutumes et notre manière de vivre…

Pour celui du « pays de Québec » qui sent par atavisme, constamment clamer en lui les réclamations, les