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LE FRANÇAIS

ches de ces veines généreuses de la montagne et de la forêt se mêlent aux eaux plus tranquilles du lac.

Un peu plus tard, à mesure que l’on approchera de Ville-Marie, l’on verra les rives reculer davantage pour laisser le lac couler avec plus de liberté. Alors, de quelque côté que l’on tournera le regard, celui-ci n’apercevra plus à l’horizon que quelques fuyantes collines. Plus de montagnes, plus de ces brusques saillies du sol que l’on remarquait au pied du lac, en pays matawan, ni de ces sauvages reliefs si fortement saguenayens ; mais seulement de large ondulations. À la Baie-des-Pères, l’on apercevra des prairies alternant avec des côteaux délicatement esquissés et surmontés de plateaux se développant en surface jusqu’à l’horizon lointain.

Le soleil éclaire maintenant d’aplomb la face luisante de l’eau reflétant des petits nuages blancs qui se promènent en groupes dans le ciel d’un bleu turquoise. De temps en temps, un courant d’air frais passe sur le pont, le traverse de bâbord à tribord, chasse pour une minute la chaleur du soleil ; et l’on remarque que ces vagues rafraîchissantes viennent des rives qui s’inclinent jusqu’au niveau de l’eau.

Sur le bateau chacun se sent chez soi. Le plaisir du voyage facilite les épanchements qui vont leur train, avant que ne se répande dans l’ensemble l’ennui lancinant de la marche monotone.

Des groupes se sont formés ici et là entre lesquels courent des enfants qui jouent à cache-cache derrière les cheminées, les bouches d’air et les cabestans, bous-