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LE FRANÇAIS

semblent tantôt s’éloigner, tantôt se rapprocher de l’« Outaouais ». Elles sont toujours d’un pittoresque ravissant avec leur bordure de rochers et de forêts. Parfois, les bois sont rachitiques ; on y voit ici et là des clairières parsemées de troncs calcinés et d’amas de branches grillées par des feux périodiques. Là apparaissent des mamelons à peine recouverts de lambeaux de verdure pâle et d’arbustes grêles descendant tristement jusqu’à la bordure granitique qui surplombe l’eau ; ici, ce sont des lits d’énormes quartiers de rochers que l’on dirait transportés à mains d’homme mais qui, en réalité, y ont été laissés par le retrait des glaciers aux époques préhistoriques. La rive, plus basse, descend comme une glissoire jusqu’au niveau de l’eau. Plus loin se dessine une petite montagne chauve, pelée comme l’échine d’un animal galeux et où dans les interstices de rochers cagneux, des sapins maigres, des bouleaux rachitiques poussent au milieu de taches vert pâle de fougères ; ce boqueteau à l’air minable paraît comme une grimace dédaigneuse de miséreux au riche coin de l’ondulante forêt de pins blancs, d’épinettes rouges et de merisiers qui s’étale à côté et se prolonge jusqu’au sommet de la montagne. Et plus l’on avance et plus les rives accusent de fléchissantes ondulations, et plus le sol est prodigue de sucs généreux. Les bois sont, en effet, maintenant plus riches ; ils sont coupés de ruisseaux et de rivièrettes qui, à travers d’épaisses couches d’alluvion, courent et se jettent en cascadant dans le lac. La rive, verte au ras de l’eau, est bordée de bouillons blancs là ou les eaux fraî-