Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
LE FRANÇAIS

était travailleur également et, sur ce point, elle en savait quelque chose. C’était pour elle des raisons de l’aimer plus encore.

Marguerite s’approcha davantage du jeune Français. Ne sachant quoi dire, elle hasarda :

« Et les petits de la fauvette enlevée par l’émerillon, que devinrent-ils ? »

— Je les ai nourris plusieurs jours de vermisseaux et de millet. Un jour, quand j’arrivai à la fontaine, je les vis voltiger à l’entour ; mais ils regagnèrent vite leur nid. Le lendemain, ils avaient disparu. Mes petites fauvettes, je n’en doute pas, furent heureuses comme tous les oiseaux.

Marguerite était captivée par tant de bonté.

« Tu ne dois faire, Léon, que des heureux, » murmura-t-elle soudain, se rapprochant tellement du jeune homme qu’elle fut presque dans ses bras.

Sans plus de timidité, l’engagé l’embrassa tendrement au front.

La nuit était tout à fait venue, répandant sur la campagne une sérénité infinie. Dans l’étendue de la voûte nocturne seule vivait étrangement la palpitation des étoiles. Sur le sol, c’était partout de grandes taches de lumière blanche coupées d’ombres noires tombées des toits et des arbres. La campagne, lasse de bruit, entrait dans ce vaste silence où toutes les vingt-quatre heures elle renouvelle ses forces pour l’agitation du lendemain. Au loin, la Baie apparaissait comme une grande chose grise qui remuait sensiblement. L’on percevait à peine le murmure des bois de la colline