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LE CHÔMAGE



À Léon Cladel.


Mon patron n’a plus d’ouvrage
Et nous n’avons plus de bois :
C’est l’hiver, c’est le chômage.
Toutes les morts à la fois !

Pas un pouce de besogne.
Il neige : le ciel est gris ;
À chaque atelier je cogne,
J’ai déjà fait tout Paris.
Plus de crédit, rien à vendre
Et le loyer sur les bras.
Partout on me dit d’attendre,
Et la faim qui n’attend pas !

Des riches (Dieu leur pardonne !)
M’ont dit souvent : Mon ami,
Il faut, quand l’ouvrage donne,
Faire comme la fourmi !
Épargner ? Mais c’est à peine
Si l’on gagne pour manger :
Quand on touche sa quinzaine,
On la doit au boulanger.