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LA MORT D’UN GLOBE



À B. Malon, membre de la Commune.


Aux mers d’azur où nagent les étoiles,
Notre œil de chair se noie en se plongeant,
Mais l’infini parfois lève ses voiles
Pour notre esprit, cet œil intelligent.
Peuples du ciel, les astres ont une âme.
Leur tourbillon peut jouir ou souffrir
L’amour unit tous ces frères de flamme :
Pleurez, soleils, un globe va mourir !

Il pivotait dans son noble équilibre,
Pour que jamais on n’y connût la faim.
L’homme groupé pouvait, heureux et libre,
Tirer de lui des récoltes sans fin.
Mais ses erreurs ont causé ses désastres,
Sous la contrainte il s’est laissé pourrir,
De son typhus il gangrène les astres,
Pleurez, soleils, un globe va mourir !

Fleuve de sang, la guerre s’y promène,
L’Idée y porte un bâillon outrageant,
L’anthropophage y vit de chair humaine,
De chair humaine y vit l’homme d’argent.