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LA TOILE D’ARAIGNÉE



À Félix Pyat.


De sa rosace immense encombrant le ciel bleu,
Il est un monstre amorphe, intangible et farouche ;
Ce cauchemar du vide affole ce qu’il touche
Et répand un venin qui met la terre en feu.

Ce parasite ignore et le temps et le lieu,
Rend l’univers bancal et la nature louche,
Et, liant la raison comme une faible mouche,
Il lui boit le cerveau. Ce vampire, c’est Dieu !

Ce néant a fourbi les griffes de nos maîtres,
De sa chiasse immonde il enfanta les prêtres,
Il barre de ses fils nos paradis déçus.

Homme, n’attends pas d’être englué dans ses toiles
Et, crevant ce haillon qui s’accroche aux étoiles,
Déniche l’araignée, et mets le pied dessus !


New-York, 1875.