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CHAUFFE-TOI, C’EST DE TON BOIS



Au citoyen Gabriel Deville (Voix du Peuple).


Rudement la crise sévit,
Sans pain, sans feu, le peuple vit :
Si l’on appelle cela vivre !
Ce siège a duré tout l’été,
Paris ne s’est pas révolté,
Mais il frémit, l’hiver va suivre.
Le dépouillé pourrait fort bien
Remettre la main sur son bien.
Fais ta saisie avant les froids,
Prends, Jean Misère,
Ton nécessaire.
Fais ta saisie avant les froids,
Chauffe-toi, Jean, c’est de ton bois !

Quoi, le vautour, de ton taudis
T’expulse avec tous tes petits,
Fiévreux, grelottants et livides.
Toi qui bâtis les beaux quartiers
Où des appartements princiers
Trop chers de loyer restent vides,
Peux-tu donc sous l’arche des ponts
Coucher tes bébés vagabonds ?
Choisis leur gîte avant les froids,