Page:Pottier, Jouve - Épître en patois, 1866.pdf/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Étape, qui le convertissaient en potasse pour les verriers, était d’autant plus recherché que les fem­mes avaient soin d’en augmenter la force, en arro­sant de leurs urines les tas de fougères et de bruyè­res qu’elles faisaient près de la maison.

XXIII. Les plaintes qu’on trouve à la fin de cette épître sur la difficulté des habitants d’avoir à leur disposition le bois de leurs forêts sont assez naïves. Elles témoignent à la fois de l’ancien régime qui précipitait les forêts à leur ruine, et du nouveau qui, par de bonnes mesures d’ordre, voulait en ar­rêter la destruction et les régénérer.

Les habitants des Vosges jouissaient du droit illi­mité d’envoyer leur bétail vain pâturer en tout temps et dans toute l’étendue des forêts, et d’un autre côté les droits d’usage qui leur étaient immo­dérément accordés pour les bois de chauffage et de construction nécessaire à l’entretien et aux réparations de leurs habitations étaient beaucoup trop multipliés et excédaient la possibilité des forêts (Statistique de l’an X). Aussi les usagers avaient—ils vu réduire leurs droits et, comme dit l’épître, le pauvre, ne pouvant acheter du bois, se trouvait dans la misère ; les étrangers avec leurs scieries enlevaient presque tout et l’ouvrier ne pouvait en avoir assez pour son défruit, sa jouissance person­nelle.

Ne po cô, ne po mainche. L’emploi de la négation ne que nous disons ni aujourd’hui est des plus an­ciens. Molière est peut-être le dernier qui s’en soit servi, et encore le met-il dans la bouche d’un pé­dant : ne plus ne moins que la statue de Memnon, dit le jeune Diafoirus.