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On vo dè beu an grô, po-z o fare dè piainche ;
Et volo d’ouss que lo mau vé.
O n’o pi obteni ne po cô, ne po mainche.
E n’ î qu’ è rèh’ q’ cè fâ do bé.

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E v’lo fourni lou seg, et no, peures euvréye,
Je n’on ré po guégni do pain.
Oh ! créyè, Monseigneur, q’no ravo bé dé néye
E mouyé d’èn’ mi mouéri d’ faim.

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Oh ! s’o v’lè détéyi è chèquin dès euvréye
Dès abe ossè po su défri,
Piteu que d’lè lèhi è strainge mochoquéye,
O viqrô bé, o n’ piandrô pi.



TRADUCTION LITTÉRALE.

1. Seigneur, votre Excellence est bien aise de savoir — Comme on parle à Gérardmer. — Et nous le sommes autant de pouvoir dire une fois — Que de meilleurs Français il n’est pas.

2. Vous allez certes trouver grossier notre langage de Gé­rardmer. — Mais (il) faut bien penser. Monseigneur, — Que notre sentiment vaut mieux, qu’il est quelque peu plus beau, — Et que notre langue ne vaut pas notre cœur.

3. Il n’est pour l’empereur rien de mieux que nos montagnes. — Il n’est personne, ou ce n’est rien de lui, — Qui en ra­conte jamais quelque vilaine aventure. — Oh ! dites lui que nous n’aimons rien plus.