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ET DES USURPATIONS’ NOB ILI AIRES 28 ?

C’est jiistement ces rfegles qu’il auraitfal In poser d’abord, car c’est leur infraction quidovrait 6tre punie par 1’art. 259 qu’on fait revivre prematurément. Or, elles xistaient dans Tancienne legislation ; nous les avons definies, et leur application, vec peu de modifications, n’est point impossible, comme le Conseil d’Etat, dans ses considérants, a paru le craindre, et, comme Tont repete 1 l’envi les journaui democratiques. Ceux-ci nerepoussent la information que par jalousie, et ils envient la noblesse autant qu’ils la detestent. Le Siecle a pretendu combattre la loi dans rinterftt dela monarchic, dont il s’est erigé tout icoup le defenseur offlcieux. Cette Conversion nous paralt bien spontantfe pour 6tre sincere. Timeo Danaos et dona ferentes.

« A quoi bon, dit-il, demander le retablissement de la noblesse pour consolider la monarchic, puisque demain, la monarchie sera 4jbligée de combattre ce qu’elle a fait.... puisque toutel’histoiredepuis Charlemagne est dans la luttede la monarchie contre la noblesse et de la noblesse contre la monarchie. » Cette assertion estreproduite dans d’autres Merits de circonstance * par des publicistes, qui oublient que les plus belles pages de notre histoire appartiennent k ce corps illustre de la noblesse ; ; que toutes les fondations d’6glises, de colleges et d’etablissements hospitaliers ont ete faitcs par lui ; qu’il a ete de tout temps l’avant-garde de la nation dans les combats, dans les périls ; qu’il s’est fait décimer pour la monarchie dont le Steele le dit ennemi, tandis que les coryphees du Siecle ont envoye k l’echafaud le plus vertueux des Rois, en reconnaissance de ce qu’il avait fait pour le peupleetpour le Tiers-fitat particuliferement, qui lui avaitdécerne le titre de Restaurateur de la libertt frangaise. Cette sollicitude si logique k la fois, pour la monarchie et pour les regicides, dont l’organe du vieux liberalisme faitconstatnment l’apologie, serai t-elle dans le second cas de la piete filiate ? C’est ce que nous nous sommes demande, en compulsant les votes des conventionnels de la Manche. Le méme journal motive encore son opposition, sur ce que la noblesse hereditaire ne devrait pas exister dans un gouverne^ ment démocratique. Resterait k prouver que le gouvernement actuel est celui de la democratic, c’est-4-dire litteralement le gouvernement du peuple et non une monarchie hér£ditaire, e’est-a-dire le gouvernement d’un seul, transmissible de mile en mdle par ordre de primogeniture. Or, une monarchie peut s’appuyer & la fois sur une aristocratie ou gouvernement des grands et sur la democratic ou gouvernement du peuple, et c’est precisementcelle qui régit la France, conjointement avec le sénat et le corps legislatif.

Voici d’ailleurs comment s’exprime k ce sujet un auteur dont le temoignage ne sera pas sans doute recuse :

« L’expérience a prouve qu’une aristocratie ne nuit point a la liberte dun pays, car l’aristocratie anglaise n’a pas moinscontribué que les autres classes de la nation k la liberte de la Grande-Bretagne. La raison dit encore qu’une aristocratie peut 6tre compatible avec le principe de l’egalite, k deux conditions : premiferement, que les membres qui la composent ne jouissent d’aucuns droits particuliers et subissent en tout la loi commune ; secondement, que les distinctions, purement honoriflques

Les nobles et les vilains du temps pa$s4 y par Alphonse Chassant, 1857.