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ET DES USURPATIONS NOBILIAIRES 283

• On connalt Tanecdote relative k ces trois frferes, qui pour tout heritage n’eurent qu’une cour dans laquelle se trouvaient un puits et une mare, et quise nommferent Valné 3f . de la Cour ; le second M . du Puis et le troisifeme M . de la Marre. « C’est tin vilain usage et de trfes-mauvaise consequence en nostre France, dit Montaigne, d’appeler chascun par le nom de sa terre et seigneurie et la chose du monde qui fait plus mesler et mGcoghoistre les races. Un cadet de bonne maison ayant eu pour son apanage une terre soils le nom de laquelle il a este cogneu et honors, ne peut bonftement Tabandonner ; dix ans aprfcs sa mort, la terre s’en va k un stranger qui en fait de mesme : devinez ou nous sommes de la cognoissance de ces hommes. .♦ II y a tant de liberty en ces manifcres, que de mon temps je n’ai veu personne eslevé par la fortune 4 quelque grandeur extraordinaire, k qui on n’ait attache incontinent des titresgénéalogiques nouveaux et ignorez k son pfere, et qu’on n’ait enté en quel* que illustre tige ; et de bonne fortune, les plus obscures families sdnt plus idoines k falsifications. » Aux nomsde seigneuries du temps de Montaigne, Ton substitue fréquemment aujourd’hui, ceux de sa commune, de sa ville, de son département, et la conscience publique se rSvolte avec raison contre un tel abus. Or, si Ton n’y prend garde, la société nouvelle ne sera plus qu’un carnaval. On peut de nouveau proscrire les titres ; on peut les avilir, soit en leslaissant usurper, soit en les multipliant, mais on ne peut supprimer le nom. Pour montrer le respect du au nom, quel qu’il soit, que chacun a re^u de ses p&res, nous ne pouvons mieux faire que de citer les conclusions si remarquables de M.Pinard, substitut du procureur-gént§ral, dans une question d ’usurpation de nom rGcemment soumise k l’appr^ciation de nos tribunaua,

  • « Lenom est un heritage souvent plusprScieux que la fortune... il vous suit dans la

pauvrete comme dans Topulence, dans la patrie comme dans Pexil. L’usurpation morts : mais en voici encore deux que nous avons tousconnus et qui ne seront pas de" places a la fin de notre galerie. « Comme nous lisonsdansLucain d*un savetier nomine 1 Simon qui 4 tant devenu richevoulut dire appete Simonide » (voy. Loiseau, livre des ordres), ainsi l’historien passionne" des Rdpubliques Italiennes, originaire du Dauphine a fait lui et ses peres subir a son nom plus de metamorphoses qu’il n’y en a de la chenille au papillon, pour parvenir a se greffer sur l’illustre maison de Sismondi de Pise. Et notre dernier poete national, mon obs tant l’aiguille et le carreau a repasser de son pere, n’e'tait-il pas bien aise de donner a entendre qu*il pouvait bien descendre des anciens Berenger de Provence ? Le sang du grandmaltre de Saint-Jean-de-J^rusalem se serait alors m&U avec celui de quelque Frdtillon ou Lisette ; et il £tait en tout cas pas mal contradictoire a Tauteur du marquis de Carabas de signer ses oeuvres : P. J. de Be" ranger.

II n’est pas inopportun de mentionner aussi les ancStres de Victor Hugo dont il avait dicte* la filiation a Sainte-Beuve pour la notice consacrSe par cet e’crivain au poete dans la Biographie contemporaine, puis a M. Barbou, pour son volume : Victor Hugo raconte" par un temoin de sa vie. Dans ces deux ouvrages, le maitre se fait descendre de Georges Hugo, capitaine des gardes de Rene" II, due de Lorraine, anobli en 1535 et dont d’llozier a rapporte 1 la posterity jusqu’en 1752. Dans son autobiographic le mattre reverdique a la fois comme Tun de ses aYeux, un obscur conventionnel Louis-Antoine Hugo, execute, dit M. Abel Hugo, pour cause du tnodfranrisme. La v£rité est que le géne*ral Hugo, pere du poete cr£e pair de France en 1845 et improprement qualifie" vicomte dans les Almanachs royaux, e"tait fils d’un menuisier de Nancy et d’une gouvernante ou bonne d’enfants, ainsi que le constate son acte de nai«sance. Quant au conventionnel, cUdevant avocat a Mirecourt, loin d’avoir M execute*, il devint sous l’Empire conseiller a la cour de Nancy, fonctions qu’il conserva sous la Restauration, et il mourut paisiblement a Valfroicourt en 18 ?5, ainsi que le prouve son acte de d£ces. Son attache au menuisier pere du general Hugo et aTeul du poete n’est nullement £tablio, et Tun et l’autre sont complement strangers a la famille homonyme dont l’Armorial du juge d’armes contient la géne*alogie. Conferez Victor Hugo avant 1830, par Edmond Bir4, in-12, Paris, Gervais 1883 et la Revue de Champagne et de Brie. (Arcis-sur-Aube, 1887).