Page:Potier de Courcy - Nobiliaire et armorial de Bretagne, 1890, tome 1.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XVII
INTRODUCTION

noblesse. Combien de pompeux articles dans les ouvrages généalogiques, anciens ou modernes, n’ont pas un fondement aussi solide !

Nous avons eu aussi recours (mais seulement pour connaître la description héraldique des armes de plusieurs familles, condamnées à la réformation et maintenues ou anoblies depuis) à l’Armorial général dressé en vertu de l’ordonnance de 1696. Cette ordonnance, en créant un Armorial général de France, et dépôt public des armes et blasons du royaume, n’était encore qu’une mesure fiscale ; car elle obligea, non-seulement les gentilshommes à faire inscrire leurs noms et leurs armes sur un registre ad hoc, et à recevoir, revêtu de la signature de d’Hozier, un brevet d’armoiries qui coûtait 20 livres par personne ; mais encore les notables bourgeois, les villes, les corporations, les ecclésiastiques, tous les officiers d’épée, de robe, de finance et autres sujets ayant emploi, enfin une foule de riches marchands, à payer leurs 20 livres, moyennant lesquelles on délivrait des armes à ceux qui n’en déclaraient pas eux-mêmes. Tous payèrent, mais tous ne retirèrent pas leur brevet, et beaucoup de familles ignorent encore aujourd’hui les armes dont les gratifia, toujours moyennant 20 livres, l’imagination du juge d’armes. Enfin, pour les familles étrangères à la Bretagne au moment des dernières recherches, nous avons été obligé, quand nous n’avons pas eu connaissance des arrêts de maintenue, de nous en rapporter à des ouvrages qui ne nous inspiraient pas tous une égale confiance ; mais alors, en indiquant l’auteur qui avait cité une famille avant nous, nous lui laissons la responsabilité de ses assertions.

Les ouvrages des généalogistes, même de ceux revêtus jadis d’un caractère officiel, ou voulant aujourd’hui s’en attribuer un, ont été généralement composés avec des articles fournis par les familles elles-mêmes, et insérés à prix d’argent sans aucune critique. Aussi les familles les plus riches, et en même temps les plus obscures, sont quelquefois celles auxquelles un plus grand nombre de pages est consacré. Ces ouvrages peuvent toutefois offrir des renseignements utiles, mais ils ne doivent pas faire autorité. Le public d’ailleurs n’est jamais dupe des complaisants mensonges qu’ils renferment, et la satire de Boileau a fait justice des fraudes de ce genre qui avaient déjà lieu de son temps.

Mais quand un homme est riche, il vaut toujours son prix :
Et, l’eût-on vu porter la mandille à Paris,
N’eût-il de son vrai nom ni titre ni mémoire,
D’Hozier lui trouvera cent aïeux dans l’histoire.

Le Nobiliaire de Bretagne, fait sans passion comme sans intérêt personnel, inspirera, nous le croyons, plus de confiance. Nous avons voulu avant tout être historien véridique, sans tenir compte des susceptibilités que notre ouvrage pouvait éveiller ; nous n’avons omis sciemment aucune illustration, aucun service rendu à l’Etat, mais nous avons dû commettre nécessairement quelques omissions et erreurs involontaires, dans un recueil qui renferme l’histoire abrégée de plus de quatre mille familles. Nous prouverons, par le supplément qui terminera cet