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suzerain à Saint-Jouin de Marnes (1034), que va loi enlever définitivement en 1062 un retour du vaincu.

Vers nord et presque d’un seul coup, la bataille de Conquéreux avait dégagé l’Anjou de l’invasion bretonne jusqu’à ses frontières primitives (991-993) et préparait sans doute à Foulques Nerra, en conduisant ses Angevins jusqu’à Nantes, une conquête non moins décisive vers sa frontière occidentale.

Du Layon aux confins du pays de Rezé, de la Loire à la Moine, s’étendait un vaste territoire, les Mauges, inscrit par l’Empire dans l’Aquitaine et dépendant du Poitou et de l’Évêché de Poitiers, mais par sa position écartée du centre de la cité, entre les efforts de peuples rivaux, destiné à être disputé sans cesse et dépecé par Conquête des Maugesles gens de guerre. Dès le IIIe ou le IVe siècle on y voit établi un cantonnement de lètes d’origine scythique, les Tiphales, qui donnent leur nom à une région, la Tiphalie, plongeant au loin dans les terres intérieures mais au VIe siècle encore abordant la Loire. C’est dans son ressort, à Chantoceaux, qu’en 564 un ancien duc Franc, Austrapius, réfugié dans les ordres sacrés, se créa, malgré les habitants, un diocèse éphémère, un évêché viager[1]. Non loin, vers l’est, s’était organisé au Montglonne un puissant centre de propagande monastique, enrichi rapidement par les bienfaits multipliés des divers princes intéressés à ses services, mais toujours, malgré les aventures de guerre, tenu de près sous la main des empereurs Francs et par eux dégagé à temps de l’influence bretonne. Détaché par un acte solennel de l’autorité des évêques poitevins et constitué en une sorte de diocèse indépendant, tout ce groupe, dont s’est rapprochée sans lutte la limite, en certains points incertains, de l’Anjou, lui appartient dès la fin probablement du Xe siècle, et dès le XIe siècle on y peut suivre les étapes de chevalerie ou les fondations pieuses des comtes qui le pénètrent et y assoient à demeure leur domination, de la Loire à la Moine, de la Divatte aux sources du Layon, y compris même cet écart avancé de l’antique Tiphalie jusqu’à la Loire, qui, depuis longtemps passé à d’autres maîtres, reste sous l’autorité de l’évêché nantais mais dans la féodalité angevine.

Vers l’orient la lutte, engagée pour l’existence même et non-seulement pour des intérêts d’honneur et d’ambition, se soutient avec des chances diverses de fortune et de la Touraine.pendant plus d’un demi-siècle. Par patrimoine, don royal ou douaires, les Ingelgériens se trouvaient posséder à la fin du Xe siècle, en dehors de leur comté, dans la vallée de la Loire Amboise, dans la vallée de l’Indre Loches et plus haut Buzançais et Châtillon, dans le Berry même, sur le Modon, Villantrois, sur la Creuse la Haie. Par contre, la maison de Blois avait, depuis l’expulsion des Wisigoths, réuni à la Touraine tout le Saumurois[2] jusqu’aux approches de Gennes, à demi-journée de marche d’Angers. La guerre, qui éclate dès 990 pour le règlement suprême de tous ces héritages enchevêtrés, se poursuit, après les premiers chocs d’armées, avec l’aide dissimulée de la ruse et de la politique. Le cercle des constructions militaires habilement réparties sur les frontières par Foulques Nerra

  1. M. Longnon a le premier et tout récemment, par l’interprétation ingénieuse d’un passage de Grégoire de Tours, Hist. Franc., IV, 18, ajouté ce fait curieux à l’histoire de Chantoceaux. Mém. des Antiq. de France, XXXVII, 140-148, et tirage à part.
  2. A priscis Francie regnum temporibus Andegavum atque Neustriam regionem libere tenentium a Castro Salmuro politissimam dominationem, vulgariter vicariam, didam terminabat Gegina vicus, Hist. de St-Florent, L. R., f. 54 v°.