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du courage, en s’appuyant sur la miséricorde divine… Reposez-vous sur ce banc… vous déjeunerez avec nous !… L’abbé ! voulez-vous me suivre au champ d’honneur… dans la bibliothèque ?… j’ai besoin de vous… nous avons à travailler ensemble !…

Ici le vieux chanoine se leva, alla à son bureau, ouvrit un tiroir, et y prit un carré de papier jauni par le temps.

— Vous pensez bien, me dit-il, que, lorsqu’on a eu l’honneur d’écrire une pareille lettre sous la dictée d’un saint, on trouve moyen d’en garder une copie !

Voici la lettre de Mgr Miollis à son frère :

« Tu m’as dit souvent, mon cher Sextius, que, avec un chef comme l’Empereur et des soldats tels que ceux que tu commandes, rien n’était impossible. Eh bien ! voici une impossibilité d’un nouveau genre que je recommande à ton amitié fraternelle… Il s’agit de sauver une âme… Ce mot n’a peut-être pas pour toi un sens bien net : je vais m’expliquer plus clairement. Le bon Dieu m’a envoyé hier soir une bonne œuvre à faire en la personne d’un forçat libéré… Ne te récrie pas ! Mon pauvre protégé a été condamné à cinq ans de galères pour avoir volé un pain et donné un coup de poing ; je crains que bien des héros de vos brillantes campagnes d’Italie et d’Allemagne n’aient sur la conscience des méfaits tout aussi graves. Ici, Maurin, avec son passe-