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On ne doit pas entendre la beauté pour le cheval, comme on le fait pour l’espèce humaine, dans laquelle il faut que la régularité des formes et la pureté des lignes ne laissent rien à désirer, comme le prouvent l’Apollon du Belvéder, type de la belle conformation chez l’homme, et la Vénus de Milo, que l’on considère comme représentant le nec-plus-ultra de la beauté chez la femme. Pour les chevaux réduits à l’état domestique, la beauté ne peut être ainsi représentée par un type unique, centre autour duquel graviteraient toutes les individualités de l’espèce chevaline. Cela va ressortir, je l’espère, des quelques considérations suivantes : dans l’état de nature, lorsqu’il est encore à l’état sauvage, le cheval se suffit à lui-même et n’a pas besoin d’autres aptitudes que celles que nécessite sa propre conservation. On comprend facilement qu’il puisse alors avoir des formes qui flattent la vue, et qui se rapportent à un type unique conventionnel, sans qu’il en résulte d’inconvénient, parce que ces prétendues belles formes ne l’empêcheront ni de se sustenter, ni de défendre. De plus, tous les animaux d’une même espèce peuvent, quand ils se trouvent encore livrés à eux-mêmes, présenter des formes identiques, parce qu’ils sont absolument soumis aux mêmes causes modificatrices, et que si une d’elles vient à agir sur quelques-uns d’entre eux, en changeant leurs caractères, on ne voit aucun motif pour que cette même cause n’agisse pas également sur tous ceux qui se trouvent dans les mêmes conditions, et ne leur fasse pas subir les mêmes changements. Mais lorsque le cheval est réduit à l’état domestique, l’homme, sous la puissance duquel il se trouve, essaie par tous les moyens qui sont en son pouvoir de la modifier dans un sens donné afin d’obtenir ce qu’il appelle une amélioration. Les aptitudes naturelles, que ce quadrupède possède à l’état de liberté et qui sont communes à tous les animaux de son espèce, se trouvent alors plus ou moins sacrifiées. Peu