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yj PREFACE.


On comprend dès lors que nous n’avons enregistré qu’après un mûr examen les termes de création récente, et que nous n’avons admis aucun de ces mots aventuriers, comme les appelle La Bruyère, qui font d’abord quelque fortune dans le monde, et disparaissent presque aussitôt.

L’ouvrage que nous offrons au public est donc un catalogue raisonné, un inventaire dressé avec soin de tous les termes et de toutes les locutions qui sont comme le fond invariable de notre langue.

Nous devons ajouter que, plein de respect pour l’Académie, nous l’avons prise constamment pour guide : c’est sur elle que nous nous sommes appuyé, c’est à sa lumière que nous avons marché.

Voilà ce que nous avions à dire touchant la nomenclature. Quant à la lexicologie, nous lui avons donné la place importante à laquelle elle a droit ; et nous croyons l’avoir traitée avec assez de soin et d’attention pour que cette partie de notre travail réponde à tous les besoins et satisfasse à toutes les exigences. A la suite même de l’article consacré aux différents mots dont l’emploi présente une difficulté d’orthographe, d’accord ou de construction, nous avons établi les principes grammaticaux auxquels ils correspondent, et résolu au moyen de règles claires et précises, et d’exemples puisés aux sources les plus pures, les mohir dres accidents de langage, aussi bien que les faits les plus importants de la syntaxe. Nous donnons la conjugaison de tous les verbes irréguliers et défectifs : quant à ceux dont le radical est soumis à certains changements d’orthographe par la nécessité de se combiner d’une manière euphonique avec les diverses désinences. nous les rattachons à un paradigme commun, à la suite duquel nous expliquons la raison des changements qu’il subit.

Une étude comparée sur les principaux Synonymes était le complément indispensable de notre travail.

Cette classe nombreuse de mots est digne en effet de l’attention des esprits studieux et délicats, et le devoir d’un lexicographe est, en signalant ce qu’ils ont à la fois de commun et de propre, de faire vivement ressortir leur analogie de sens et leur différence d’expression.

Déterminer d’une manière nette, et avec une très-grande concision, les nuances diverses des plus importants de ces termes, voilà ce que nous avons essayé de faire.

Avons-nous réussi ? c’est au lecteur de prononcer. Mais si les convenances ne nous permettent .pas de donner ce travail comme bon, aucune considération ne peut nous empêcher de le donner comme nôtre, et nous le faisons hautement.

Laveaux est le premier qui, dans son Nouveau Dictionnaire de la langue française, ait consacré une place aux Synonymes, et les ait rangés alphabétiquement et par groupes. L’idée était excellente. Malheureusement l’essai qu’il a donné est resté à l’état d’ébauche ; la mort, qui l’enleva en 1827, ne lui permit pas de revoir cl d’améliorer son travail.

Mais, au lieu de s’emparer de son idée et de la féconder, certaines gens trouvèrent plus facile et plus simple de s’emparer de son oeuvre, et de se l’approprier ;