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me dit que le roi a constamment fait preuve d’une admirable grandeur d’âme. M. de Broqueville s’est également montré plein de résolution. Mais il s’est produit autour d’eux, en ces heures critiques, un peu de « pagaye » qui a d’abord embarrassé le commandement. Tout a fini par s’arranger et la retraite des troupes s’est opérée dans des conditions satisfaisantes.

M. Augagneur, qui est allé lui-même au Havre, pour veiller à l’installation du gouvernement royal, et de là à Furnes, où est établi le quartier général belge, m’indique, à son tour, qu’il a trouvé le roi très calme et très résolu, mais préoccupé, malgré tout, de l’avenir de son peuple. « La France, a-t-il demandé, défendra-t-elle la Belgique jusqu’au bout ? — Oui, et autant qu’elle-même », a répondu M. Augagneur, sachant qu’aucun de nous ne le démentirait. Le roi l’a remercié avec effusion.

Le long des côtes, le ministre de la Marine a rencontré partout des émigrants belges, hommes, femmes, enfants, transportant sur des charrettes leurs meubles et leurs effets. L’armée de nos voisiné s’est rétablie derrière l’Yser et s’est retranchée dans la plaine. Elle est flanquée à droite par nos fusiliers marins et appuyée en arrière par une de nos divisions territoriales.

J’apprends par les réticences d’un télégramme du G. Q. G. que nous avons perdu Varennes. On ne nous l’a pas dit. Mais on nous avoue qu’on se bat à Vauquois, qui est au sud de Varennes. Les Allemands se sont donc approchés de la voie ferrée entre Sainte-Menehould et Verdun. S’ils s’avancent davantage, ils vont pouvoir couper la ligne qui assure le ravitaillement de la place.

Je reçois de M. Mithouard, le distingué président