Page:Poe - Nouvelles Histoires extraordinaires.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grosses que les vulgaires habitants de Vondervotteimittiss. Depuis que j’habite le bourg, ils ont tenu plusieurs séances extraordinaires, et ont adopté ces trois importantes décisions :

I.

C’est un crime de changer le bon vieux train des choses.

II.

Il n’existe rien de tolérable en dehors de Vondervotteimittiss.

III.

Nous jurons fidélité éternelle à nos horloges et à nos choux.

Au-dessus de la chambre des séances est le clocher, et dans le clocher ou beffroi est et a été de temps immémorial l’orgueil et la merveille du village, — la grande horloge du bourg de Vondervotteimittiss. Et c’est là l’objet vers lequel sont tournés les yeux des vieux messieurs qui sont assis dans des fauteuils à fond de cuir.

La grande horloge a sept cadrans, — un sur chacun des sept pans du clocher, — de sorte qu’on peut l’apercevoir aisément de tous les quartiers. Les cadrans sont vastes et blancs, les aiguilles lourdes et noires. Au beffroi est attaché un homme dont l’unique fonction est d’en avoir soin ; mais cette fonction est la plus parfaite des sinécures, — car, de mémoire d’homme, l’horloge de Vondervotteimittiss n’avait jamais réclamé son secours. Jusqu’à ces derniers jours, la simple supposition d’une pareille chose était considérée comme une hérésie. Depuis l’époque la plus ancienne dont fassent mention les archives, les heures avaient été régulièrement sonnées par la grosse cloche. Et, en vérité, il en était de même pour toutes les autres horloges et montres du bourg. Jamais il n’y eut pareil endroit pour bien marquer l’heure, et en mesure. Quand le gros battant