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— Ceci, dis-je, n’est pas la trace d’une main humaine.

— Maintenant, dit Dupin, lisez ce passage de Cuvier.

C’était l’histoire minutieuse, anatomique et descriptive, du grand orang-outang fauve des îles de l’Inde orientale. Tout le monde connaît suffisamment la gigantesque stature, la force et l’agilité prodigieuses, la férocité sauvage et les facultés d’imitation de ce mammifère. Je compris d’un seul coup tout l’horrible du meurtre.

— La description des doigts, dis-je, quand j’eus fini la lecture, s’accorde parfaitement avec le dessin. Je vois qu’aucun animal, — excepté un orang-outang, et de l’espèce en question, — n’aurait pu faire des marques telles que celles que vous avez dessinées. Cette touffe de poils fauves est aussi d’un caractère identique à celui de l’animal de Cuvier. Mais je ne me rends pas facilement compte des détails de cet effroyable mystère. D’ailleurs, on a entendu deux voix se disputer, et l’une d’elles était incontestablement la voix d’un Français.

— C’est vrai ; et vous vous rappellerez une expression attribuée presque unanimement à cette voix, — l’expression Mon Dieu ! Ces mots, dans les circonstances présentes, ont été caractérisés par l’un des témoins (Montani, le confiseur) comme exprimant un reproche et une remontrance. C’est donc sur ces deux mots que j’ai fondé l’espérance de débrouiller complètement