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convertibles ; ainsi la Poésie et la Vérité ne font qu’un. Une chose est consistante en raison de sa vérité, — vraie en raison de sa consistance. Une parfaite consistance, je le répète, ne peut être qu’une absolue vérité. Nous admettrons donc que l’Homme ne peut pas rester longtemps dans l’erreur, ni se tromper de beaucoup, s’il se laisse guider par son instinct poétique, instinct de symétrie, et conséquemment véridique, comme je l’ai affirmé. Cependant il doit prendre garde qu’en poursuivant à l’étourdie une symétrie superficielle de formes et de mouvements, il ne perde de vue la réelle et essentielle symétrie des principes qui les déterminent et les gouvernent.

Que tous les corps stellaires doivent finalement se fondre en un seul, que toutes choses doivent enfin grossir la substance d’un prodigieux globe central déjà existant, — c’est là une idée qui, depuis quelque temps déjà, semble d’une manière vague, indéterminée, avoir pris possession de l’imagination humaine. De fait, cette idée appartient à la classe des choses excessivement évidentes. Elle naît in-