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rieux hémisphère qui a toujours évité et doit toujours éviter la curiosité télescopique de l’homme. Les progrès de la Science, toutefois, ont bientôt démontré, — ce qui pour l’instinct philosophique n’avait pas besoin de démonstration, — que l’un des deux mouvements n’est qu’une partie de l’autre, — ce qui est mieux encore qu’une conséquence.

Pour ma part, je me sens irrité par des conceptions à la fois aussi timides, aussi vaines et aussi fantasques. Elles viennent d’une absolue couardise de pensée. Que la Nature et que le Dieu de la Nature soient distincts, aucun être pensant n’en peut longtemps douter. Par la Nature nous entendons simplement les lois de Dieu. Mais dans l’idée de Dieu, avec son omnipotence et son omniscience, nous faisons entrer aussi l’idée de l’infaillibilité de ses lois. Pour Lui, il n’y a ni Passé ni Futur ; pour Lui, tout est Présent ; donc, ne l’insultons-nous pas en supposant que ses lois puissent n’être pas faites en prévision de toutes les contingences possibles ? Ou plutôt, quelle idée pouvons-nous avoir d’une contingence possible quelconque, qui ne soit à la fois le ré-