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tastique et le grotesque y revêtent un air de gravité et de sang-froid qui est du plus haut comique, et donne à la satire ou à la leçon morale un relief des plus saisissants.

À côté de ces qualités vraiment caractéristiques du procédé littéraire de Poe, on retrouvera dans quelques-uns de ces morceaux — le Mellonta tauta, le Mille et deuxième Conte de Schéhérazade, par exemple, — les profondes vues philosophiques, l’érudition étendue et surtout l’enthousiasme éclairé pour les merveilleuses découvertes de la science moderne qui ont inspiré l’admirable Eureka. En allant d’un essai à l’autre, le lecteur sera émerveillé de l’étonnante souplesse avec laquelle l’auteur sait passer de l’examen des problèmes les plus ardus des sciences physiques ou morales à la critique légère des filous et des Reviewers, ou à la charge épique d’un dandy français ou d’un bas-bleu américain.

À y regarder de près, il y a plus de philosophie dans un conte de Poe que dans les gros livres de nos métaphysiciens.


F. Rabbe.