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sique et confortable. Dans le coin diagonalement opposé, apparaissaient, faisant très bon ménage, la batterie de cuisine et la bibliothèque. Un plat de polémiques s’étalait pacifiquement sur le dressoir. Ici gisait une cuisinière pleine des derniers traités d’Éthique, là une chaudière de Mélanges in-12. Des volumes de morale germanique fraternisaient avec le gril — on apercevait une fourchette à rôtie à côté d’un Eusèbe — Platon s’étendait à son aise dans la poêle à frire — et des manuscrits contemporains s’alignaient sur la broche.

Sous les autres rapports, le Café Bon-Bon différait peu des restaurants ordinaires de cette époque. Une grande cheminée s’ouvrait en face de la porte. À droite de la cheminée, un buffet ouvert déployait un formidable bataillon de bouteilles étiquetées.

C’est là qu’un soir vers minuit, durant l’hiver rigoureux de … Pierre Bon-Bon, après avoir écouté quelque temps les commentaires de ses voisins sur sa singulière manie, et les avoir mis tous à la porte, poussa le verrou en jurant, et s’enfonça